Emploi des travailleurs handicapés : un atout et des obligations

Avec plus d’un quart de siècle d’existence, nous sommes en mesure de dresser le constat suivant : notre équipe de collaborateurs handicapés représente un véritable atout. Pour être tout à fait précis, nous devrions parler de vraies richesses, au pluriel. Cette expression – galvaudée à loisir – a cependant ici un sens et recouvre des réalités tangibles.

Richesse de parcours professionnels, tout d’abord. En effet, ces collaborateurs ont bien souvent eu une ou plusieurs expériences professionnelles antérieures avant d’intégrer nos ateliers. Que ce soit en termes de type d’entreprise, de secteur d’activité ou de fonction exercée, ils arrivent avec un ou plusieurs savoir-faire et ceci se vérifie d’autant plus pour ceux qui n’ont pas toujours été handicapés. Le cas d’Éric illustre assez bien ces propos. Métallier de métier, puis manutentionnaire au sein d’une entreprise de logistique, il a donc été familiarisé aux exigences propres à ces deux secteurs d’activité, exigences qui sont aussi les nôtres au sein de nos ateliers, à savoir :

– Respect de protocoles de production stricts,
– Respect de normes de qualité (techniques, environnementales et éthiques).

Richesse de qualités humaines, ensuite. Quels que soient les profils, les situations de handicap, les compétences professionnelles ou encore les aptitudes personnelles, nous pouvons affirmer aujourd’hui que tous font montre d’une grande volonté et d’un sens de l’effort. Pour nombre d’entre eux, le poste de travail qu’ils occupent est une forme d’accomplissement ; non pas en termes de récompense – ce qui relèverait plutôt d’une vision paternaliste – mais en termes de réalisation aussi bien personnelle que professionnelle. En effet, ils ont dû (doivent) assimiler des formations multiples qui ont trait, bien entendu, aux tâches et aux machines proprement dites (exemples : massicoter, sertir, relier, imprimer, etc.), mais aussi aux protocoles de production (ordonnancement des tâches au sein de l’équipe de production, vérification de chaque geste, validation des résultats, etc.).

Enfin, il convient de ne pas oublier un autre de leurs talents : leur capacité à travailler en groupe. Effectivement, au sein de notre atelier comme de toute structure de production, il ne s’agit pas « simplement » d’effectuer pour chacun des opérateurs des tâches définies, mais de les réaliser dans le cadre d’une chaîne d’actions, c’est-à-dire en prenant en compte la manière dont les autres membres de l’équipe en situation de handicap (ou non) vont interagir avec eux.

Mais la vie en groupe ne se limite pas aux aspects productifs : quotidiennement, à l’heure de la pause-déjeuner ou bien à l’occasion de nos réunions annuelles, ils partagent dans le meilleur esprit possible un moment de détente et d’échanges amicaux. Ainsi, sur ce point comme sur les autres, il n’est que justice de rendre hommage aux qualités de ces collaborateurs qui sont pour notre entreprise un véritable atout plus qu’une addition de handicaps.

Cependant cette réussite collective est aussi le produit d’une véritable ingénierie qu’il a été indispensable de concevoir afin de répondre aux multiples enjeux. Nous voulons parler en premier lieu de notre propre dispositif d’accompagnement I.A.D : Intégrer, Adapter, Développer.

Aux Ateliers La Ruche, intégrer ne se borne pas à la signature d’un contrat salarié, cela signifie surtout l’aboutissement d’un travail en amont qu’on peut illustrer au travers de la première étape de recrutement suivante : la découverte et l’étude détaillée du profil candidat.

Étape fondamentale s’il en est, qui consiste – souvent en collaboration avec les instances compétentes (Cap Emploi, Missions Locales, etc.) – à appréhender tous les aspects de la personnalité de notre futur collaborateur. Outre ses compétences techniques, ses aptitudes et traits de caractère, nous portons une attention particulière sur sa situation globale : quelle est sa capacité d’apprentissage et comment l’améliorer ? quelles sont ses contraintes de déplacement, de logement ? quel est son environnement familial, social ? de quel suivi médico-social fait-il l’objet ? etc. Autant d’interrogations qui ont pour but de situer au centre du processus d’embauche les conditions de son épanouissement personnel.

Depuis les aménagements à prévoir de son poste de travail (ergonomie, rythmes de travail, type de tâches, etc.) jusqu’aux formations et monitorat adaptés que nous devrons élaborer, en passant par tous les autres aspects professionnels et extra- professionnels découlant d’une situation de handicap, un véritable dispositif se met en place qui nécessite des compétences multiples, du temps et du tact.

Chacun peut ainsi mesurer ne serait-ce qu’à la lumière de cette étape initiale, le poids de la responsabilité sociale qui nous échoit et que nous assumons au quotidien.